Pomponnette croit encore que grandir est un choix. Et son coeur balance ...
Devenir propre la nuit ... voilà un truc de grand qui lui plait depuis 3 jours "je ne mets plus de couches maman, comme la grande Sarah !!" Bonnnn, très bien ... oui mais voilà, cela peut exposer à plus de risques aussi ... comme un pipi au lit, surtout au début. Trésor de diplomatie à mobiliser donc, pour la rassurer et changer son lit en pleine nuit sans râler ...
Mais boire un biberon de lait le matin, devant la télé, voilà un truc de petit qui la botte !! sauf que maman (moi donc) a eu cette idée idiote de changer les habitudes (avant l'école, histoire de ne pas faire porter toute la responsabilité sur cette bonne vieille éducation nationale) : maintenant, il faut boire le lait dans un bol, avec une paille (idée géniale de ma belle-soeur qui a bien fonctionné avec ses loulous). A table. Dans la cuisine. Comme une grande ! Les longues plaintes de bête, les trépignements et les danses de sioux autour du salon n'ont pas eu raison de mon inflexibilité. Alors quoi, il faut grandir, encore et toujours, sans retour possible ? ne fois qu'on a mis le doigt dedans, plus question de reculer.
Poufpouf se dit que grandir ce n'est plus un choix, mais une fatalité ... disons, une course inexorable et plus ou moins rapide vers .... vers quoi exactement ? voilà que depuis quelques jours la question du but me taraude ? Mais pourquoi spécialement maintenant ?
D'abord, l'iminensce de la fin m'apparaît bien plus tangible depuis que Choupinou s'est fait la belle pour ses éternelles grandes vacances. Du coup, régulièrement me vient des sortes de vertige, comme si la vie me donnait l'impression de prendre de la vitesse pour se précipiter vers ce néant qui m'angoisse. Plus la vie me semble courte, plus je me demande si j'utilise à bon escient le temps qui m'est imparti.
Ensuite, parce qu'il y a quelques jours, Mamoune, à moitié endormie, s'est trompé de route et, croyant se diriger vers les toilettes a mis le pied dans la cage d'escalier de la cave ... et a dégringolé ledit escalier ... aussi mal qu'on l'imagine. Résultat de la course : multiples fractures du poignet. Finalement un miracle que la facture ne soit pas plus lourde. Facile de dire cela me direz-vous, quand on n'est pas celle qui se retrouve le poignet dans le plâtre pour 45 jours et avec une réorganisation de son programme. Quand j'y pense, je me dis que j'aurais beaucoup de mal à le vivre. Mais, je me réjouis de ce que Mamoune ne se soit pas fracassée la tête contre le mur. Je ne me fais pas de peurs rétrospectives, et je n'ai pas besoin de voir les gens au bord du précipice pour me rappeler combien je tiens à eux ... néanmoins, ce pas malheureux n'a fait que me rappeler cette angoisse sourde que tout finit un jour, le plus tard étant le mieux.
Et du coup, tout cela me ramène à ce que l'autre jour, j'ai brutalement pris conscience que, quelque soit la façon que l'on a de vivre sa vie ... la fin du film est la même pour tout le monde. Déciderai-je de mettre le feu au monde, de m'enrôler dans l'équipe d'Oussama Ben Laden ; de tenter la canonisation en devenant une sainte parmi les saintes (quelque soit le Dieu auquel je vouerai ma vie ... Boudha, Allah, Jahvé ou Dieu-tout-court).... à la fin des fins ... qu'est ce qui fera la différence entre moi ... et l'autre moi ?? Que le monde se souvienne de moi comme d'une femme exceptionnelle ou au contraire comme d'un tyran sanguinaire ... que le monde ne se souvienne pas du tout de moi ... qu'est ce que cela peut me faire ?? Marquer le monde de mon improbable empreinte ne me servira à rien de l'autre côté du miroir ... pour ce que j'en sais.
Or donc, à quoi tout cela sert-il ? pourquoi se battre, se débattre, essayer de "réussir" sa vie pour se dissoudre dans le néant un jour où l'autre avec tout ce qu'on a fait ?
Je n'ai aucune tendance suicidaire, mais je ne sais pas pourquoi cette question du sens ne m'avait jamais frappé avec autant d'évidence ... certainement que j'ai déjà entendu le sujet (ne serait-ce qu'en cours de philosophie, il y a une éternité) ... mais il en va de ce sujet comme de beaucoup d'autres ... il y a une différence entre comprendre et ressentir en soi. Disons que maintenant, j'ai ... ressenti.
J'ai ressenti que la seule chose importante à faire ce n'est pas tant de réussir sa vie .. que de profiter de ce qu'elle nous offre, sans aucune autre prétention. Puisque ce qu'il nous restera, à la fin des fins, c'est le simple plaisir qu'on a eu de la vivre, et cela devient donc un choix personnel. La seule vraie différence au moment du grand saut, c'est de pouvoir se dire, que de cette vie qu'on nous impose, on a pris le meilleur parti ... pour soi. Et tant mieux si d'autres se souviennent de nous en bien ...
Natourelle, de sa façon très animale et non encore contrainte par toutes les règles sociales, agit de la sorte : se lever en riant et en chantant. Rire, s'amuser, manger. Dormir et rire encore ... et chanter à tue-tête et rire de s'entendre chanter. Je lui souhaite de pouvoir se gonfler de tout cette joie de vivre qui jaillit d'elle si naturellement ... pour s'en réconforter dans les moments plus difficiles ...
Nous n'avons pas de chance dans la famille, la religion a été longtemps omniprésente, avec tout ce que ça comporte de sottises devant l'angoisse de la mort et pour "mériter son paradis". Alors je vais te faire part de ma philosophie:il y a t'il un Dieu ou pas, et une vie après la mort où nous serons divinement heureux? Dans le doute et partant du principe "qu'un tien vaut mieux que 2 tu l'auras", autant profiter du présent!! on oublie, le "but" et on vit l'instant présent, le mieux que l'on peut, en essayant toujours de voir le bon côté des choses, personne ne nous en veut personnellement et nous ne sommes pas maudits.Si chacun apporte sa "pierre" avec enthousiasme, passion et bonheur, on peut faire quelque chose de très joli avec le monde!
RépondreSupprimerune petite fille qui rit fait plus pour le bonheur universel qu'une femme ou un homme qui passe la serpillière en râlant.
Je voulais répondre dans le blog de la jeune femme qui s'appelle "Floh", je ne l'ai pas fait, je vais te dire à toi, ce que je voulais lui dire: j'ai 60 ans et tous les rêves se réalisent, le tout c'est d'y croire très fort, de tendre la main pour les attraper quand ils passent (même si ça n'est pas le bon moment), surtout oublier la peur, et de ne pas se tromper de rêve ou de faire des mauvais choix. je peux,dire que tout ce dont j'ai rêvé s'est réalisé, j'ai juste parfois fait des mauvais choix de rêve...maintenant, j'ai encore des rêves et je crois très fort qu'un jour ils se réaliseront.
Et puis tu verras, plus tes rêves se réaliseront, et plus tu seras heureuse dans l'instant présent, moins tu auras peur de ce que tu appelles le néant, quand une vie est "heureusement" remplie, moins il y de place pour le "néant".
Mamoune (avec la main gauche!!)
C'est donc de saison, ce genre d'interrogation sur le Grand Sens de la Vie et ce que nous voulons en faire...
RépondreSupprimerJe suis touchée, par ton billet avant tout, et par ta commentatrice précédente que je remercie du fond du coeur (et qu'elle n'hésite pas à intervenir chez moi, puisque semble-t-il, elle m'a lue, même de la main gauche, quel talent). C'est très réconfortant de lire ce qu'elle a écrit. C'est peut-être aussi la preuve que nous avons raison de nous interroger, sans nous prendre la tête, mais de nous remettre en question. Pour nous, pour nos enfants, pour l'éducation qu'ils vont recevoir, pour leur alléger aussi certaines étapes.
J'espère, de tout mon coeur, avoir 60 ans et me dire que tous mes rêves se sont réalisés. Et me dire aussi qu'il m'en reste tout plein, ça doit être triste, une vie sans rêves ;)
Savoir si je laisserai des traces, je me suis posée la question, et je ne dois pas avoir cette envie chevillée au fond de moi. Ce qui m'importe, oui, c'est que ceux que j'aime ne m'oublient pas trop vite. Et que si l'on se souvient de moi, ce soit en bien.
Comme tu le dis si joliment, on devrait tous prendre exemple sur ta petite pitchoune, son insouciance et son amour animal de la vie ;)
Je te souhaite une belle journée remplie de sourires, de rires et de légèreté!
(et le coup de la paille dans le bol, ça marche très bien, je confirme...)
Et bien merci à l'une et à l'autre. Certes, je préfère me poser la question maintenant plutôt que dans des années. On est souvent poussé par une sorte de pression "sociale" qui veut que le summum soit de réussir sa vie et de briller au firmament de la société. Or plus j'avance et plus je me rends compte qu'à ce firmament il y a peu de places et surtout que la motivation pour y être n'est pas un facteur commun à tous les individus.
RépondreSupprimerJe finis par ne plus culpabiliser de n'avoir pour ambition que de briller en haut de mon petit firmament à moi ... là, au moins, la place m'est réservée !!! Et tant pis si Pomponnette ne me trouve 'pas drôle' avec mon histoire de bol et Pomponnette "méchante" avec mes lubies d'équilibre alimentaire ... moi ça m'éclate !!