Il y a de ces rencontres que l'on fait et qui vous change la vie sans qu'on y prenne garde. Je ne parle pas des rencontres amoureuses (je n'ai en la matière eu qu'à me prévaloir de ma rencontre avec mon mari, rencontre dont l'issue s'est achevée un peu trop rapidement ... d'une certaine manière, on peut dire que cette rencontre là aussi a changé ma vie). Non, je voulais parler des amitiés profondes qui se créé sans qu'on y pense, qui vous lie sans contrainte à d'autres et qui vous fortifie.
Ma meilleure amie du moment est de ces personnes avec lesquelles une telle amitié se créé. Quand je dis "du moment" cela ne veut pas dire que j'en change chaque semaine. Mais en 37 ans j'ai eu l'occasion d'en croiser plusieurs, d'autant que j'ai souvent déménagé.
Donc cette amie, je la connais depuis avril 2002 .. Cela ne date donc pas d'hier.
Je me rappelle le jour où je l'ai rencontré. Enfin, non, je devrais plutôt dire le jour où j'ai pris conscience de son existence. Je venais d'arriver dans une nouvelle entreprise, dans une nouvelle région où je ne connaissais personne à part mon mari (qui n'était pas encore mon mari à l'époque). Nous venions de quitter Brest poussés par un ras-le-bol de nos boulots respectifs et par les débuts de la maladie de mon mari. La semaine de cette fameuse rencontre, celui-ci n'était même pas encore arrivé dans la région et nous n'avions pas encore de logement. Je dormais à l'hôtel et me sentais complètement perdue dans cette nouvelle ville, dans cette entreprise. Comme d'habitude, je ne me sentais pas à la hauteur du défi que je venais de me fixer en me lançant dans cette nouvelle aventure et la panique n'était pas loin. J'essayais péniblement de me rappeler pourquoi j'avais pris cette décision idiote de changer de job pour débarquer dans ce bled que je ne savais même pas situer sur la carte 1 mois avant.
Cela devait être le deuxième ou le troisième jour de cette fameuse semaine. il devait être quelque chose comme 18H15. Elle est arrivée à l'étage où je travaillais, a lancé un regard circulaire sur les quelques personnes encore présentes. Elle m'a regardé et s'est exclamé, haut et fort :"Tu sais Poufpouf, pas la peine de faire des heures sup pour te faire bien voir ! ça ne marche pas ici, au contraire ... on n'aime pas ça " ... ou un truc du genre ... qui m'a littéralement pétrifié ou liquéfié ... ou bien les deux. J'ai commencé à bredouiller, à bafouiller pour finir par baisser la tête en n'osant plus regarder personne. Ça commençait sévère dans cette boite !!
A cet instant je me suis dit que cette fille était exactement le genre de fille que je détestais et avec laquelle je ne pourrais jamais, jamais m'entendre. Pas de bol pour moi c'était la personne me permettant d'accéder à mon supérieur hiérarchique, la cerbère de l'antre de l'ogre ! Je suis rentrée chez moi - disons dans ma chambre d'hôtel - le moral dans les chaussettes en me demandant ce que j'avais bien pu dire ou faire pour lui faire penser une telle chose ou pour me rendre assez désagréable à ses yeux pour qu'elle me dise une telle vacherie devant mes nouveaux collègues.
Parce que, bien évidemment, dans mon esprit tout bouleversifié et en mal d'assurances, il ne pouvait s'agir que d'un truc sérieux, un coup de couteau dans le dos, une déclaration de guerre ! Biieeeeeeeeeeen sûr ! Mais elle allait voir ce qu'elle allait voir ! je n'allais pas me laisser faire ! je saurai être aussi désagréable qu'elle et je lui ferai ravaler ses idioties !
On est bête quand on a 12 ans !! heu, à non, j'en avais 30 ! OK, bon, on peut avoir encore quelques accès de bêtises à 30 ans ... comme une poussée d'acné juvénile ... un dérèglement chimique soudain et passager ... enfin ... quoi ....
Bref, elle a vu ! Ah, ça, elle en a eu pour son argent !!! Cette fille que j'ai violemment détesté les premières secondes de nos échanges est devenue l'amie la plus fidèle que j'ai jamais eu. Celle sans qui la vie n'aurait pas été possible ici après la mort de mon mari : probablement que je serai parti d'ici pour revenir vers chez mes parents si elle n'avait pas été là. Parce que, sans que je comprenne vraiment pourquoi, ni que je me rappelle comment, elle est devenue une confidente sans concession (sans concession, c'est son truc et c'est finalement ce que j'aime aussi en elle), une personne constamment disponible sans aucune contrainte, un soutien sans faille dans mes moments fréquents de déprime. Elle et son mari "veille" sur moi à leur façon, et de les savoir là, à côté, ça me donne des forces pour avancer, la volonté de rester autonome et de m'en sortir.
Et en plus, cela ne s'invente pas ... sa maman habite à quelques kilomètres de mes parents, loin, là-bas, dans les montagnes ! c'est une expat' dans l'ouest, comme moi : c'est dire si on avait des choses en commun !!! Elle n'est pas belle la vie ?
Quelle super surprise à mon retour de vacances que ce blog !!! excellent !!!!
RépondreSupprimerc'est très joli ce que tu dis sur Doudounette!parce qu'elle le vaut bien, elle et son Doudou (c'est son nom à son mari?)
RépondreSupprimerMerci Ellebe ! c'est vrai que de dire à quelqu'un qu'on a commencé par la détester à mort ... c'est pas commun !
RépondreSupprimerBarf... j'avais pas encore lu... C'est bah pffff. Je vais retenir que tu m'as détestée... Comment ca detestée, moi, pleine de charme !
RépondreSupprimerMais pour aujourd'hui, pause dans mon boulot de cerbère, c'est plus facile de retenir ce qui nous rend moins vulnérable au boulot...
Seules les femmes intelligentes sont capables de faire des découvertes comme celle-là. Quelle belle histoire ! Et quelle chouette illustration !
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