mardi 12 mai 2009

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J'ai, je crois, tenté d'être une maman consciencieuse. J'ai bien pris le temps de lire les précis de puériculture et les traités de psychologie enfantines. Les bouquins de cuisine aussi : de Florence Pernoud à Marcel Ruffo, de Martine machin chose à Ginette Mathio, je me suis imprégnée du savoir de tous ces éminents spécialistes. Je me suis patiemment avalée les mensuels de "Parents" et plus particulièrement les pages sur la nutrition. Oui ! J'ai écouté à l'envie la danse des fruits et légumes, "le club des cinq-par-jour" ! j'ai arpenté les rayons des supermarchés à la recherche de tous les légumes ingurgitables disponibles. Je me suis même fait aidée par des personnes bien intentionnées qui m'ont indiqués des sites sympas pour des repas tout fait pour enfants de parents en manque d'inspiration.
voilà, voilà, voilà : à l'issue de ce long travail, j'avais une vision très précise du modus operandi : fermeté, joyeuseté, souplesse. Explication, éducation, nutrition. Faire partager à son enfant les joies des préparatifs, lui expliquer les vertus des bons légumes qui donnent des gros muscles. rester souriante mais didactique. Associer couleurs et gaieté, et que vivent les crudités ! Impossible de se louper en maîtrisant aussi parfaitement son sujet, aidée des conseils des plus grands.

Forte de cette certitude, je me suis lancée. Comme ma Pomponnette est une petite fille plutôt futée, j'ai tenté de lui expliquer les bases de la nutrition, blablabla, les vertus des bons légumes qui font devenir grande (et belle) comme maman. L'importance de manger éclectique, de goûter et de déguster, de mélanger les saveurs, et tout, et tout, et tout. Je n'ai pas jouer le côté effrayant "attention au scorbut ma fille" (dans mon enfance certains ont eu moins de scrupules) .... naaaaaaaaan, je n'ai même pas essayé de faire du chantage ... en tout cas pas au début.
Pomponnette a bien écouté. Elle maîtrise désormais parfaitement la théorie. Comme sa maman. Nous avons même fait une visite du marché avec l'école à la découverte de nos amis les fruits et légumes. Elle me parle de céleri branche et de betteraves, de carottes et de choux-fleurs. C'est beau !

Sauf que voilà, s'agissant de la pratique, là, c'est tout à fait autre chose. Je ne sais pas bien comment je m'y suis prise, mais elle n'a pas bien saisi le lien entre théorie et pratique ! c'est fou ça !! cuisiner avec maman, c'est rigolo ! mettre des noms derrière des formes vertes, rondes, rouges ou bariolées (heu, il y des légumes bariolés ?) c'est super : ça fait parler, et ça Pomponnette, elle aime. Mais au moment de passer à l'acte ... si je puis dire ... de transformer ces beaux légumes en milliers de petits nutriments répartis dans le corps, c'est une toute autre musique : Faisant fi de tous les beaux principes, elle se refuse à toute concession consistant à avaler benoîtement son repas. Tous les jours, donc je n'ai droit qu'à une longue litanie de "beuuuuuuuuuuuuuurk, mais j'aimmmmmmmmme pas ..."CA"" ... "je ne veux pas mannnnnnnger". Comme le "CA" générique s'applique à tous les aliments sans discernement (à l'exception notoire du biberon de lait, des coquillettes, des knackis et des fraises), autant vous dire qu'elle n'aime rien. J'ai beau faire, rien ne trouve grâce à ces yeux. J'ai laissé toutes mes forces dans la bataille et je n'ai plus que mes yeux pour pleurer en entendant 10 fois par jour le message désormais hautement culpabilisant des cinq fruits et légumes ...

J'ai certainement ... très certainement, une part de responsabilité dans l'affaire. J'avoue, je me suis braquée ... un peu ... beaucoup ... au début. Dans un combat très westernien, j'ai organisé des face à face dantesques au cours desquels Pomponnette a tenu sa place avec brio. Affamée mais digne, elle est plusieurs fois sortie de table sans manger parce que j'avais trop d'orgueil pour lui servir autre chose et qu'elle avait trop de caractère pour concéder une cuillère. Je me revois, à ma grande honte, dégustant des glaces au chocolat devant elle en lui en promettant une si elle acceptait de manger un peu de légumes. C'est bas, c'est très bas, mais croyez le où non, elle n'a jamais craqué, et moi j'en ai pleuré !

Alors maintenant, je sais, que Pomponnette ne sera jamais une grande gourmande. Nous négocions tous les soirs 3 cuillères du plat principal, avant de passer au fromage. Je n'écoute plus ses récriminations (mais c'est quoi CA ??? du caca d'ours pourquoi ? j'aimmmmmmme pas le caca d'ours maman ...... ah bon ? tu en prendras 3 cuillères quand même ... au jeu des devinettes idiotes mon imagination n'a pas de limites) ... elle se bat pour la forme. Dès que je dis trois, elle regarde sur ses doigts et dit "d'accord". Une fois je lui ai proposé deux cuillères et elle a refusé ... elle a dit "TROIS" maman ! héhéhé, elle sait peut-être compter jusqu'à 10 en français et en anglais, mais elle n'a pas encore intégrée la relativité ma petite Einstein !

Et finalement, je me console de ce cuisant échec en regardant ma Natourelle ! 20 minutes avant sa soeur, elle piétine dans la cuisine et réclame son repas. D'ailleurs dès que je rentre du travail, elle escalade sa chaise, s'assoit, me regarde bien en face et crie "mannnnnnnnnger" ! Quoi que maman fasse, elle trouve que "c'est boooonn". Elle mangerait sans s'arrêter si je n'étais pas là pour arbitrer. Bien sûr, la période d'opposition n'est pas encore passée par là, mais néanmoins, je retrouve dans ce petit brin de fillette le bon vivant qu'était son père. Je m'inquiète de son poids comme je m'inquiète du poids de Pomponnette (comme quoi, quand on a un caractère à ça), mais je me délecte de la voir siphonner un petit pot fait maison avec une telle joie de vivre, à lorgner sur l'assiette de sa soeur avec concupiscence (un jour peut-être elles comprendont comment jouer la complémentarité et blouser maman ... mais je les laisse découvrir comment). C'est mon petit squale à moi, qui rode autour de la table de la cuisine à l'affût d'une miette qui tomberait ... je ne vois que ses yeux et le bout de son nez ... ce regard si scrutateur auquel rien n'échappe de ce qui se mange. Un jour, un ami a essayé de lui retirer un bout de babybel de la bouche et il a failli se faire mordre ... c'est qu'on ne lui ôtera pas le pain de la bouche à ma fillotte ! Pomponnette donnera son pain, mais Natourelle mangera celui destiné aux canards ... d'ailleurs elle l'a déjà fait !!!

Finalement, l'alimentation, ce n'est peut-être pas qu'une histoire de spécialistes ... ils auraient dû le dire, depuis le début, qu'il fallait AUSSI faire en fonction de la personnalité du bambin. C'est fou ça !

4 commentaires:

  1. Pis si en plus elle est comme sa tante qui chipottait au même âge et englouti aujourd'hui.....y'a pas d'inquiètude à avoir....

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  2. J'ai les mêmes à la maison mais inversés...Tu passes avant, cela ne me laisse augurer les années à venir mais finalement avec moins de bataille !!!

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  3. je te l'avais dit, après ton enfance à toi, à ta soeur et à ton frère, ce que les enfants aiment ce sont les pâtes, les pâtes, les pâtes. Moi aussi,j'ai voulu vous faire de bons petits légumes, ohé, ohé! et un flan au potiron, c'est pas un légume ça??

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  4. DU FLAN AU POTIRON ??? attends, j'ai pas dit que je voulais torturer mes filles !!!!

    Doudounette, surtout, te braque pas (d'ailleurs, je sais, tu ne te braques pas) et tout se passera mieux ...

    Lili, à l'âge que tu as, ta maman ne s'occupe plus de tes petits plats et c'est maintenant que tu manges ... c'était pas un peu du vice de prendre plaisir à faire marner ta maman ? hummmmmmm ?

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