mercredi 13 mai 2009

Natourelle et Pomponnette

Natourelle commence sa journée par un joyeux « Bonjouuuuuur … ça va ? » qu’elle lance à qui veut bien franchir la porte de sa chambre pour la sortir de son lit. Elle est patiente Natourelle. Elle appelle « maman ? maman ? …. Maman ? » et attend gentiment que sa voix fasse son chemin à travers la porte et l’esprit embrumé de sa maman. Parfois je suis endormie, parfois sous la douche, parfois occupée. Où bien, parfois je considère que ce n’est pas l’heure (même les mamans célibataires ont droit à une grasse matinée le week-end jusqu’à 8H00, sans dec !). Mais si maman n’arrive pas au quart de tour, elle sait bien que quelqu’un viendra forcément la chercher et qu’elle ne restera pas vissée à son lit pour la vie. D’où tient-elle cette certitude ? de la répétition certainement, et d’une bonne vieille sérénité chevillée au corps aussi. Alors elle attend. Et accueille son « libérateur » avec force sourire et politesse. Ça donne envie de lui faire des tonnes de bisous, et c’est tant mieux car elle aime ça. Et puis, Natourelle, une fois hors de son lit, va filer dans la chambre de Pomponnette. Sait-on jamais, un biberon d’eau pourrait y traîner…

Pomponnette commence sa journée par se poser des questions : Pourquoi maman ne répond pas quand j’appelle ? Pourquoi faut-il que je me lève ou que je ne me lève pas ? Pourquoi dois-je mettre mes pantoufles ? Est-ce qu’il y a école aujourd’hui ? Si je crie plus fort « MAMMMANNNNNNNNNNN » est-ce qu’elle arrivera plus vite ? Faut être au top le matin pour aller chercher Pomponnette. On n’est plus dans l’approximation là … la douche doit être prise, les neurones dépoussiérés. L’idéal est d’avoir estourbi deux trois villages germains avant, histoire de se sentir reposée et défoulée. La fête commence sans préambule … on n’a si peu de temps pour les loisirs !! Pomponnette ne veut pas de bisous si vous lui en proposez un. Elle n’est pas « votre trésor » « votre puce » « votre sucre d’orge ». Elle est « POMPONNETTE » (c’est vrai, c’est quoi ces débordements écœurants de mièvrerie ? mais pourquoi n’est-on pas déjà en train de se disputer, on perd du temps, là ?).

Et puis si par le plus grand des hasards vous arrivez à la sortir de sa logique de combattante (hum, faudra que je lui parle des mes gaulois … elle pourrait m’être utile tout compte fait), et que son imagination se met en route vers des horizons moins angoissants elle montre un tout autre visage. Quand le questionnement s’éloigne, cette petite perle (non, pas cette perle, cette Pomponnette) révèle sa richesse, son trésor à elle : sa fructueuse imagination !! Pas la peine de lui raconter des histoires, elle les invente, elle les structure, elle vous y invite et vous en rend acteur. Avec Natourelle dans son sillon, toute prête à imiter sa sœur en tout point et à la suivre où qu’elle aille, elle part dans un monde fou fou fou peuplé d’amis imaginaires, de gentils monstres et de peluches vivantes de tout poil et de tout gabarit. Nul besoin de maman dans ces moments-là, sauf parfois pour relancer le jeu ! Quand elle s’adresse à moi avec une petite voix aiguë en finissant chaque fin de phrase par « … hein, maman de Pomponnette ?» je sais que ce n’est pas Pomponnette qui me parle mais un de ces multiples joyeux drilles qui l’accompagne. Pomponnette, elle, aurait dit « maman », sans fioriture. Important de le savoir pour répondre à propos !

Natourelle répète, fait les mêmes gestes et suit sa sœur en rigolant tout en répétant à l’envie « pas drôle » (petite expression dont elle n’a, semble-t-il, pas bien compris le sens). Mais si elle imite, je ne lui sens pas un caractère de suiveuse. Vous ne lui ferez pas jouer le garde du château, planté comme un piquet pendant des heures à la porte de sa sœur. Elle veut aussi des premiers rôles et entend bien le faire savoir. Par la force s’il le faut. Elle donnera la réplique à la reine duchmole, pas moins !

Je me garde bien d’intervenir. Mais, si je n’y prenais pas garde, absorbée dans la contemplation de leurs élucubrations d’enfants, je pourrai presque oublier qu’il faut se préparer et qu’une deuxième journée commence, celle qui me confronte à des adultes, des vrais, des burinés … les collègues de bureau quoi …

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